Dans la population française, on estime qu’il y a environ 85 droitiers pour 15 gauchers.
On considère le plus souvent comme gaucher celui qui écrit de la main gauche et droitier celui qui écrit de la main droite. C’est en réalité un peu plus complexe que cela.
Une histoire de cerveau
Un travail divisé
Le cerveau est composé de deux hémisphères symétriques. Cependant, on sait aujourd’hui que certaines fonctions cérébrales sont commandées par l’un ou l’autre hémisphère. On parle alors de latéralisation cérébrale.
L’hémisphère dominant contrôle la motricité et le langage. La préférence manuelle, elle, se situe au niveau de l’hémisphère opposé. Cela signifie que si vous êtes gaucher, votre hémisphère dominant est l’hémisphère droit et inversement si vous êtes droitier, l’hémisphère gauche est le dominant.
On va aussi parler de latéralité croisée : l’œil directeur peut être différent de la main dominante, ainsi que le pied. Ainsi, un enfant droitier de la main peut être plus performant du pied gauche pour taper dans un ballon.
Les ambidextres
Certaines personnes, dites ambidextres, ont une habileté égale de la main droite et de la main gauche. Les deux hémisphères sont sollicités de façon égale.
Les ambidextres représentent 3 à 4 % de la population générale. Les enfant soufrant de trouble du spectre de l’autisme (TSA) représenteraient 17 à 47 % d’ambidextres.
Choisit-on sa main dominante ?
Naît-on gaucher ou droitier ? Il est fort probable que l’héritage génétique joue un rôle important. Vous avez plus de chance d’être gaucher si vos deux parents le sont, mais ce n’est pas une règle.
Il arrive qu’un enfant soit persuadé d’être gaucher pour faire comme maman ou papa, alors qu’il est bel et bien droitier. Il y a là un transfert affectif de la main dominante. L’enfant agit par mimétisme envers ses parents. Cela peut parfois expliquer la mise en place tardive de la latéralité. Et vice versa pour un enfant gaucher dont les parents sont droitiers.
Les jeunes enfants, en développant leurs capacités motrices, se servent indifféremment de leur main droite et de leur main gauche pour attraper des objets.
Le phénomène de l’effet miroir peut aussi jouer : en voyant l’adulte en face de soi écrire de la main droite, l’enfant va reproduire ce geste en miroir, c’est-à-dire de la main gauche.
C’est en observant l’enfant exécuter des tâches plus complexes que l’on peut commencer à en déduire leur latéralité.
En cas de doute, un test de latéralité pourra être effectué pour aider à déterminer la main dominante.
Les « contrariés »
Il n’y a pas si longtemps, se servir de la main gauche était mal vu.
Malheureusement pour eux, ils ont souvent été victimes de fausses idées, voire même de discrimination. Il en résulte encore des expressions peu élogieuses pour les gauchers : se lever du pied gauche, avoir deux mains gauches, être gauche, faire un mariage de la main gauche (mariage dans lequel la mariée est de rang inférieur à celui de son époux ), être maladroit.
Beaucoup de gauchers se sont ainsi vus imposer la main droite pour écrire. Nombre de méthodes aujourd’hui considérées comme barbares ont alors été utilisées par les enseignants : main gauche attachée dans la dos, coups de règles… Il en résulte parfois encore une écriture de mauvaise qualité et de mauvais souvenirs de sa vie d’écolier.
Et pourtant, on attribue aujourd’hui beaucoup de qualités aux gauchers : ils seraient plus créatifs, auraient une meilleure coordination entre les deux mains. Une étude anglaise publiée en 1980 aurait même révélé un pourcentage plus élevé de gauchers chez les enfants surdoués !
Et pour l’écriture ?
En réalité, si nous n’étions pas dans une société dans laquelle savoir écrire est fondamental, la question d’être droitier ou gaucher ne se poserait pas ! Ecrire n’est pas une activité naturelle. Elle a été inventée par l’homme. Ce n’est donc pas forcément la main avec laquelle on écrit qui va déterminer si l’on est droitier ou gaucher. Ainsi que décrit plus haut, la main qui écrit peut être déterminée de façon affective.
Il peut arriver que dans le case de jumeaux, l’un écrive très bien de la main droite et l’autre mal de la main gauche (ou inversement). Une re-latéralisation sera peut-être nécessaire dans ce cas pour apprendre à écrire avec la main droite. Il ne s’agit pas dans ce cas de réapprendre totalement à écrire puisque le cerveau a tout de même engrammé les mouvements. Une amélioration de l’écriture devrait être ainsi constatée.
La tenue du crayon
La latéralité ne devrait avoir aucune incidence sur la tenue du crayon : une prise tripode. Le crayon doit être maintenu entre la pulpe du pouce et la dernière phalange du majeur. L’index, posé ensuite sur le crayon, sert de stabilisateur.
La place de la main
On entend souvent certaines personnes qui parlent d’une personne écrivant « comme un gaucher ». On entend par là, avec la main en col de cygne, passant par-dessus la ligne d’écriture. Si beaucoup de gauchers ont adopté cette position de la main pour éviter de passer sur l’encre fraîche, ce n’est pas pour autant « la » bonne position de la main pour les gauchers.
En réalité, il n’y a pas de différence : droitier ou gaucher, la main doit être placée sous la ligne d’écriture. Ainsi, aucun risque de bavure et une position plus ergonomique ne provoquant pas de douleur.
Le positionnement de la feuille
Lorsque l’on écrit, la feuille doit être inclinée vers la gauche pour la droitiers, vers la droite, pour les gauchers. La différence réside dans l’angle d’inclinaison de la feuille. Les droitiers doivent incliner la feuille de façon à ce que le bord de la feuille soit parallèle à l’avant bras. Pour les gauchers, afin de ne pas être gênés par leur buste, la feuille doit s’incliner davantage.
Comment corriger une mauvaise position ?
Les mauvaises habitudes ont la dent dure ! Elles nécessitent une prise en charge, du temps et des exercices spécifiques pour disparaître. En cas de problème, n’hésitez pas à prendre rendez-vous ici.
Sources :
Le Monde : « 5 choses inutiles à savoir sur les gauchers ».
Passeport santé : « Gauchers droitiers, les différences »
Le point : « comment et pourquoi on devient droitier ou gaucher »
Le geste d’écriture : quelques questions courantes sur la latéralité
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